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2FR - Le barrage d'ITAIPU favorise le rapprochement entre le Brésil et le Paraguay

Ce trait se situe à l’intérieur de l’un des plus importants complexes industriels au monde, construit à cheval sur l’un des plus grands fleuves au monde, en Amérique-du-Sud. Il s’agit du barrage d’Itaipu, construit au travers du fleuve Paraná, avec une frontière qui passe par la ligne médiane du fleuve, entre le Paraguay et le Brésil. Cette frontière passe, par conséquent, également par le milieu du barrage ! Le Brésil compte une frontière commune avec 10 pays (dont 730 kilomètres avec la Guyane, un département d’outre-mer de la France). Sur les près de 15.000 kilomètres de frontières terrestres que compte le Brésil, celui-ci en partage 1.290 avec le Paraguay. En nombre de kilomètres, seules la Russie et la Chine possèdent des frontières terrestres internationales plus longues. De son côté, le Paraguay possède des frontières communes avec seulement trois pays, pour un total de 3.920 kilomètres, enclavé entre la Bolivie, l’Argentine, et donc le Brésil. L’imposant barrage d’ITAIPU a été construit à une quinzaine de kilomètres en amont de la triple frontière entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Ce tripoint se situe à la confluence entre le Rio Paraná et le Rio Iguaçu. J’en profite pour vous annoncer que les chutes d’Iguaçu, parmi les plus spectaculaires au monde, feront l’objet d’un reportage vidéo prochainement. Le fleuve Paraná, long de plus de quatre mille kilomètres, est un fleuve peu connu, mais qui se classe parmi les plus importants dans les classements internationaux. Il est ainsi classé généralement au 10ème rang mondial en termes de débit et est 5ème en termes de superficie du bassin versant (derrière de grands noms comme l’Amazone, le Congo, le Nil, ou encore l’Ob). Le Paraná est équipé avec de nombreux ouvrages hydroélectriques. Comme il sépare le Brésil et le Paraguay sur près de 200 kilomètres, il n’est pas surprenant que ces deux pays, tous les deux alors dirigés par des dictatures militaires, et malgré leurs relations conflictuelles, se mettent d’accord, dans les années 1960, pour exploiter cette ressource commune. En 1973, les deux pays se mettent d’accord sur un partage 50 50 de l’énergie produite. Dans le même Traité, le Paraguay s’engage à revendre exclusivement au Brésil toute l’énergie produite qu’il n’aura pas consommée, à un prix fixé, jusqu’au terme de cet accord en 2023. La totalité de la longueur du lac de retenue, sur le Paraná, est commune au Brésil et au Paraguay, sur plus de 150 kilomètres, justifiant le principe de partage de la production. Le lac de retenue a une superficie de 1.350 km², soit un peu plus de la moitié de celle du Luxembourg. L’intérêt économique a prévalu sur l’intérêt environnemental pour le choix de ce site, avec près de 1.500 km² de terres agricoles et de forêts inondées, et des populations déplacées. De plus, peu après le début de l’emplacement actuel du lac du barrage, se trouvait un ensemble de sept groupes de chutes d’eau spectaculaires, avec un débit bien supérieur à celui enregistré aux extraordinaires chutes d’Iguaçu. Ce site naturel a été définitivement englouti fin 1982, en l’espace de deux semaines, avec la mise en eau du barrage. La construction de l’ouvrage a commencé en 1975, et s’est terminée en 1982. Mais la centrale était loin d’être opérationnelle. Il restait, en effet, à installer les 18 turbo-alternateurs prévus à l’origine. Un turbo-alternateur est l’accouplement d’une turbine et d'un alternateur en vue de transformer la puissance mécanique d'un fluide en mouvement (ici l’eau du fleuve) en électricité. La première unité de production électrique est entrée en service en 1984, et le dix-huitième en avril 1991, chacune d’une puissance de 700 MW. Deux nouveaux groupes ont été mis en service en 2005 et en 2006, portant la puissance totale installée à 14.000 MW. Ce qui en fait actuellement la troisième centrale hydro-électrique au monde en termes de puissance installée, derrière deux barrages construits en Chine, dont celui des Trois-Gorges. La centrale hydroélectrique des Trois-Gorges en Chine, mise en service en 2012, est la plus puissante du monde avec 22,5 Gigawatts installés, grâce à ses 32 turbines de 700 Gigawatts. La salle des machines d’Itaipu, qui abrite les 20 turbo-alternateurs, est située au pied du barrage, dans une énorme caverne de béton. Elle mesure près d’un kilomètre de long, sur une largeur de 100 mètres et une hauteur de 100 mètres. Les conduites forcées, chacune d’une longueur de 142 mètres, d’un diamètre de 10 mètres 50, et d’un poids unitaire de 1.450 tonnes, aboutissent dans cette salle. C’est dans cette salle que sont installées les 20 turbines, accouplées chacune à un alternateur, sous une hauteur de chute de 118 mètres. Les dimensions de chaque groupe turbine-alternateur sont impressionnantes. Ainsi, la turbine pèse 300 tonnes pour un diamètre de 8 mètres 60. L’alternateur est encore plus dans la démesure, avec un poids de 1.760 tonnes pour un encombrement de 16 mètres de diamètre.