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VIVALDI | Concerto in due Cori con Violino scordato | RV 583 in B♭ major | Original manuscript

For scordatura violin, two string orchestras and basso continuo I. Largo e spiccato — Presto — Allegro non molto (0:00) II. Andante (5:29) III. Allegro (10:33) Composed: probably after 1720/1724 Turin source: Foà 29 ** For English, see the comments section. ** Œuvre d’exception dans la production vivaldienne, ce grand concerto en si bémol majeur combine plusieurs traits originaux: deux ‘chœurs’ orchestraux, un violon principal ‘désaccordé’, enfin une assez longue cadence finale, entièrement notée (souvent, elles étaient plutôt improvisées). Précédée d’une introduction lente, l’œuvre sans doute été composée pour une occasion solenelle, vraisemblablement à l’église. En raison de la disposition ‘in due cori’, on a cru à un lien avec Saint-Marc, sans aucune preuve pour étayer cette hypothèse en dehors du fait que la basilique, comportant deux tribunes d’orgue, est très fortement associée à cette tradition. Pour ce qui concerne l’accord du violon solo, Vivaldi demande simplement de monter la quatrième corde (la plus grave) d’une tierce mineure: ouverte, elle joue donc si bémol, le ton principal, ce qui permet au violoniste de réaliser des doubles cordes et des bariolages intéressants. Le mouvement médian est constitué d’un ‘ritornello’ de sept mesures continuellement répété (à la manière d’une chaconne ou d’une passacaille) que Vivaldi ne transcrit qu’une seule fois, suivi de l’indication: ‘segue sempre l’istesso Rit[ornel]lo ment[r]e suona il Principale’ (‘s’ensuit toujours la même ritournelle pendant que joue le premier violon’). Les variations du soliste sont notées à la suite. Pour plusieurs mélomanes, cet andante remarquable serait un sérieux prétendant au titre du plus beau mouvement lent jamais composé par Vivaldi. Assertion un peu téméraire au vu de la masse de musique retrouvée; mais la puissance lyrique de ce mouvement pourtant si simple, tant en ce qui a trait aux figurations du violon qu'à l'accompagnent, révèle chez ce Vivaldi tardif une qualité d’inspiration inégalée et une puissance créatrice encore verte, comme en témoigne d'ailleurs le très grand nombre d’œuvres remarquables (et peu connues) composées dans la maturité. L’interprétation proposée, enregistrée à la toute fin des années soixante, a soufflé ses cinquante bougies en 2019. On ne s’ennuie pas outre mesure des lectures policées de Claudio Scimone et de ses Solisti Veneti, arrivés au pinnacle de l’interprétation vivaldienne dans les années 70, ni de cette sonorité ouatée et trop souvent confuse qui a longtemps confiné Vivaldi, dans ses œuvres plus légères, à la musique d’ameublement. Mais dans les concertos ‘solennels’, ils étaient les meilleurs, et le violon incandescant de Piero Toso, suprême musicien qui joue sur un Amati coloré et châtoyant, fait ici des miracles que les interprètes baroqueux n’ont pas su répéter, malgré leurs instruments et leur technique plus authentiques. Le concerto RV 583 était donné en complément du programme de concertos pour mandolines, l’un de leurs plus grands succès au disque (pour la piste audio nous avons eu recours au disque vinyle original). Important jalon dans la renaissance interprétative du baroque italien, Claudio Scimone s’est éteint en 2018 à l’âge de 83 ans, quelques jours après avoir dirigé son dernier concert. I Solisti Veneti, ‘Les concertos pour mandolines’ Piero Toso, violino Claudio Scimone, direzione Erato STU 70545 Images provided by www.internetculturale.it - non-commercial use only.